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HistoiresPlastic Age : nos travaux pour une histoire où se croisaient société et technologie
A la suite de notre rencontre du groupe Plastic Age en mai 2018, il nous a été proposé de réaliser un court-métrage pour leur dernier morceau “Black Mirror”. Retour sur cette expérience d’écriture et de tournage !
- Publié le 19 Mars 2019
Peu de temps avant la sortie de leur dernier album dont les critiques sont très élogieuses, il nous a été proposé de réaliser le clip de l’un de leurs morceaux favoris: “Black Mirror”. Comme le titre l’indique, le morceau a été fortement inspiré de la série de Channel 4 et de Netflix, racontant une histoire inédite inspirée de divers ressentis, visions du monde et expériences du groupe.
Rapidement, le sujet nous a inspiré un scénario dans lequel nous avons laissé libre cours à notre imagination. C’est alors que nous nous sommes lancés dans la production de l’œuvre probablement la plus ambitieuse et la plus aboutie sur le plan technique de Berry’s Pictures.
Malheureusement, nous n’avons pas su nous accorder avec le groupe quant à la vision de l’histoire et à la justesse de la narration. Le clip, sous la forme imaginée par Berry’s Pictures, ne sortira pas des cartons. En revanche, nous vous proposons de suivre quelques unes des étapes de la production du clip (de l’écriture du script aux derniers instants du montage) afin de rendre hommage au magnifique travail de toutes les personnes qui nous ont entourés.
L’histoire de “Black Mirror” par Plastic Age, à travers notre regard.
L’histoire devait se passer dans une société moderne européenne, à une date indéterminée.
Synopsis:
Désireuse de se faire de nouveaux amis, une jeune demoiselle décide de se rendre dans une boutique en espérant être adoptée par de jeunes inconnus. Au fil du temps passé avec eux, elle devra prouver au groupe que la beauté seule ne compte pas pour se sentir exister.
L’histoire était montée tel un reflet dans un miroir.
La première partie du clip présentait un groupe d’amis qui se baladait. Voyant sur son chemin une affiche publicitaire attrayante, le meneur du groupe décida de se rendre dans un magasin pour, pourquoi pas, adopter un ou une nouvel(le) ami(e), de manière totalement superficielle, sur l’unique critère du physique.
La nouvelle amie n’avait rien à elle. Telle une poupée, elle se laissait vivre au fil de la volonté du groupe qui était totalement obnubilé par elle.
Elle était alors heureuse de sa nouvelle vie, jusqu’au moment où la première journée avec ses nouveaux amis s’achevait : elle se retrouvait alors seule dans sa nouvelle chambre, comme abandonnée.
Les jours passant, elle se regardait dans un miroir.
Elle voyait les jours défiler et différents traits des membres du groupe se montraient.
Passé le premier jour, le garçon s’était lassé de la jeune nouvelle amie. Elle se sentait naturellement rejetée et mise à l’écart du reste du groupe.
Elle fit la connaissance d’une des membres du groupe, qui se trouvait également avec un tatouage sur le bras. Ce tatouage, que nous pouvions voir sur le bras de la fille au début, signifiait alors que cette membre du groupe avait aussi été adoptée.
Le garçon s’est retrouvé à son tour isolé du groupe qui finalement, comme pour la fille, s’était retourné contre lui.
Le clip se terminait alors sur un plan où les rôles étaient retrouvés inversés, le garçon attendant d’être à son tour adopté.
Évolutions, de l’écriture au montage.
Comme la plupart des œuvres de nos jours, le clip a évolué du moment de l’écriture jusqu’à la post-production.
Par exemple, le scénario original n’incluait pas l’histoire d’amitié naissant entre les deux filles.
Une scène additionnelle montrait également qu’un autre membre du groupe possédait lui aussi un tatouage, signe d’une adoption du garçon.
L’exercice de réaliser un clip pensé comme un court-métrage n’est pas facile. Il faut alors répondre à la vision artistique du groupe et surtout respecter les codes de la musique. Il est alors difficile de tenir une narration aussi complexe que celle-ci.
C’est en partie ce qui nous a fait défaut pour trouver un montage avec les bons mots.
Quelques secrets de tournage…
Au vu de la construction du clip autour d’un effet scénaristique de miroir, nous avons pu faire appel à Emma Préault pour la réalisation d’un storyboard.
Sans rien vous apprendre, il s’agit en effet d’un des éléments essentiels pour que l’ensemble des membres de l’équipe puisse se projeter dans le clip avant son tournage. C’est l’occasion pour nous de la remercier de sa participation !
Nous avons eu la chance, en septembre 2018, de profiter d’un temps exceptionnel pour tourner en extérieur la majorité des plans dans la ville de Nevers, d’où le groupe est originaire !
Tourner en extérieur fut inédit pour l’équipe ! Mais tourner en intérieur releva également du défi, puisque le jour J, notre lieu de tournage fut compromis.
Nous avons pu alors profiter de la gentillesse de Jean-Louis, très proche du groupe, pour tourner la scène de la boutique… non pas dans un hall de collège (immense, où les points de fuite étaient impossibles à voir) mais dans une chambre ! Oui, une chambre !
Nous avons donc dû tricher avec la perspective et les éléments du décors pour essayer de donner l’impression d’un véritable magasin.
Pour donner l’impression que le magasin était plus grand que la chambre (et surtout afin que cela soit crédible), nous avons essayé de miniaturiser l’environnement par différentes astuces:
- Mettre l’ensemble des acteurs accroupis
- Utiliser certains meubles comme des murs pour modeler l’environnement à nos besoins, comme en reproduisant la vitrine
- Jouer sur l’ultra grand angle pour donner une impression d’immensité
Du nouveau matériel à disposition du collectif à cette occasion !
Ce tournage a aussi été pour nous l’occasion de tester notre nouveau joujou, le Ronin S de DJI, pour tenter des plans plus techniques et complexes !
Pour les tournages en extérieur (et intérieur) nous avons également investi dans des panneaux LED et abandonné nos éclairages “photo” bas de gamme.
Bien que notre approche du morceau n’ait donc pas été validée, nous sommes très heureux d’avoir eu l’occasion de tester de nouvelles choses -et surtout ce matériel- dans des conditions de tournage très intéressantes !
Remerciements
Toute l’équipe de Berry’s Pictures souhaite chaleureusement remercier le groupe et Jean-Louis, qui nous ont proposé le projet et nous ont soutenus tout au long de la production. Nous souhaitons également les remercier pour leur confiance toujours présente, notamment au travers des projets toujours en cours avec eux.
Merci également à l’investissement de l’ensemble des figurants (près d’une quinzaine) qui sont venus aux deux jours de tournage, non seulement pour le groupe Plastic Age, mais aussi pour nous. Cela nous a permis de travailler sur un projet, certes à 100% bénévole, mais de grande ampleur !
Il est temps pour nous de dire au-revoir au morceau “Black Mirror” tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous espérons qu’une autre vision sera donnée au morceau et saura en faire ressortir toutes les émotions qui s’en dégagent.
Par Max J.R. Berry